Trop Plein



Hier soir j'étais fatiguée. Ce genre de fatigue qui te serre la gorge, te frustre et te donne envie de pleurer.
Il faut dire que passer mes journées à préparer les repas pour mes frères et mon père (ma mère est dans les Pyrénées pour ce long week-end de l'Ascension) tout en étant enceinte par 34°C, ça ne m'aide pas à garder les idées claires.
C'est donc dans cet état du bout de ma vie que j'en ai eu assez. Sur Instagram.
Assez d'ouvrir l'application et voir défiler sous mes yeux fatigués ces filles qui se ressemblent toutes, tant dans leurs assiettes, que dans leurs vêtements, que dans leurs cheveux, que dans leurs ongles, que dans leurs moues et jusque dans leurs hashtags.

Bon, ce constat et mon ras-le-bol ne sont pas nouveaux. C'est juste que j'ai eu l'occasion de cogiter ces dernières semaines, voire ces derniers mois.
Notamment suite à Amélie, blogueuse marseillaise que je suis depuis ses tous débuts, et qui a publié un mot sur sa page Facebook, concernant un même ras-le-bol : ICI
Ceci dit, un peu différent puisqu'elle a décidé d'arrêter sa rubrique "A Better Me" sur son blog (consistant à partager sur son alimentation) suite aux critiques qu'elle récoltait en retour.
Critiques de certaines lectrices/abonnées portant sur son physique et jugeant sa façon de manger.

Ce mot d'Amélie m'a touchée et m'a fait me rendre compte de quelque chose d'effrayant.
L'attente.
Les réseaux sociaux ont transformé un simple partage de photo en une attente et une exigence démesurées de la part d'abonnés. 
Une démesure à hauteur de celle dans laquelle ont été propulsées ces EnjoyPhoenix, Horia, Betty et autres girls-next-door devenues modèles à suivre. 
Ils ont aussi décuplé cette tendance à la comparaison de tout un chacun. Une cruelle comparaison de l'apparence puisqu'une photo a plus d'impact que sa légende (qui consiste bien souvent en une succession de hashtags incompréhensibles de vide).

Et c'est là que la bât blesse. 
Parce que je me sens seule et démunie face à l'impact d'une fichue photo.
Une photo qui semble se dupliquer à 2-3 détails prêts sur chaque compte Instagram.
Une photo qui devient une norme qui se propage en un souffle.
Une silhouette qui s'affiche fièrement sous mes yeux perdus quand je regarde la mienne.
Une assiette de crudités qui remet en question ma façon de manger.
Un train de vie qui s'oppose au calme presque vide de la mienne. 

S'il y a des années de ça les magazines étaient à blâmer pour leurs dictats de vies absolument irréelles qu'on subissait à coups de couvertures aux mannequins filiformes, d'articles anti-cellulite et de testes de 2-3 produits hors de prix à moins de toucher un cachet Hollywoodien,  ont pouvait encore leur trouver comme excuse que c'était leur métier, qu'ils vivaient eux-même hors de la réalité : entre voyages de presse dans des destinations paradisiaques, lancement du dernier rouge à lèvres haute-couture et autres interviews de stars dans des palaces flamboyants pas facile effectivement de sortir une pige un tant soit peu réaliste dans ce train de vie élitiste.
C'est à dire qu'on savait faire la différence entre cette vie de papier glacé et la nôtre.

Or avec les réseaux sociaux, cette différence c'est complètement étiolée, réussissant le pari impensable de nous faire croire à la possibilité de vivre une vie Instagram.
Les journalistes se sont transformés en "influenceurs" (ce mot veut absolument tout dire de la possibilité d'influencer quelqu'un à faire quelque chose. Et ce mot devient banal, repris par des gamines de 12 ans mon Dieu...) qui n'étaient de base que des personnes aux vies banales découvrant une vie élitiste servie sur un plateau, faisant passer cette dernière comme quelque chose de tout à fait normale...
Est-ce qu'on peut voir le problème ??? Merci.
Toujours est-il que j'en ai ras-le-bol de ne plus pouvoir penser autrement que ce qu'on essaie de me faire passer comme une réalité.
Non je ne mange pas d'acai-bowls.
Non je ne me fais pas de smoothie d'épinards et pruneaux.
Non je ne fais pas le top-body challenge.
Non la vie d'hôtel de luxe ne m'intéresse pas.
Non je n'ai pas de montre Daniel Wellington.
Non je n'ai pas de code promo.

Et oui je me sens mal dans ma peau de femme enceinte avec ces images incessantes de corps clonés aux des trains de vie irréels et aux hashtags sonnant comme des sentences.
Oui la première chose à laquelle j'ai pensé en étant enceinte c'était à ne pas prendre trop de poids.
À ne pas prendre de forme.
À ne pas être trop femme.
À ne pas m'aimer.

J'ai donc décidé de finir sur une note positive en vous mettant ci-dessous les comptes Instagram de personnes que j'aime suivre, peu importe leur physique, leur personnalité et leur nombre d'abonnés. J'aime suivre leurs vies et leurs projets, en toute simplicité.


Bisous

Commentaires

  1. Tu as raison instagram ce n'est plus du tout pareille.

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  2. Aaah, de beaux comptes Instagram à suivre. MERCI !

    J'ai, moi aussi, horreur du mot "influenceurs/ses" parce que... Mais m*rde, influencer, EXERCER une influence sur quelqu'un.e... Ç'a une connotation négative. À la limite de la propagande. Comment on peut se targuer d'être... ÇA ?
     
    Et maintenant, on a beau choisir les comptes IG qu'on veut suivre... On nous pollue l'espace avec des pubs de m*rde.
     
    Vive la vie en toile de tente ! ;)

    ❤ xx

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  3. Je prends enfin le temps de découvrir ton blog. Et tout ce que tu dis dans ton article est tellement vrai, Instagram est devenue une vitrine à rêve, rêve d'une vie meilleure, d'un idéal... Je n'ai jamais été très fan de tous ces comptes qui se ressemblent, où tout le feed est réfléchis pour que ce soit "instagrammable", où il n'y a plus aucune spontanéité (ce que j'adorais au début d'Instagram, on faisait des photos moches et pas du tout instagrammable mais c'est ce qui était drôle et cool). Je ne suis que très peu de bloggueurs/influenceurs d'ailleurs, sauf ceux que j'aime bien et qui font ça pour le partage avant de le faire pour l'argent...

    Et merci d'avoir partagé mon compte, olalala, ça me fait trop plaisir <3<3


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