Charline


Charline est née le samedi 19 août à 15h26.

Voici le début de son histoire.

J'ai perdu les eaux à 5h30 ce matin là.
Rien ne m'avait laissé penser que ça arriverait : aucune contraction, aucun changement d'humeur, aucun tiraillement inhabituel.
Rien.
C'est dans le calme complet que j'ai réveillé mon copain pour lui annoncer ce qui venait de se passer.
Pas d'affolement, on appelle l'hôpital avant tout pour savoir la marche à suivre.
"Quoiqu'il en soit, le fait que vous ayez perdu les eaux vous oblige à venir à l'hôpital. Ceci dit, pas de précipitation de votre côté, attendez 2h de temps pour voir comment ça évolue, si des contractions arrivent. Préparez tranquillement vos affaires puis venez."

L'excitation commence à me gagner. Enfin ce moment que j'attends depuis des jours arrive !
Ceci dit, l'absence de contraction me laisse dans un état un peu second.
Je vais donc vraiment accoucher ?

J'envoie un sms à ma mère.
Qui envoie un sms à mon père.
Il doit faire la route depuis Nantes, il partira dans la journée.
Je finis d'ajouter les derniers produits dans ma valise.
Je prends une douche.
Je me débarbouille le visage.
Je passe un dernier coup de balai avant de quitter la maison.

"On s'arrête acheter des croissants ?"
Mon copain attend que je ressorte de la boulangerie les bras chargés de viennoiseries.
Je me sens bien. Dynamique et de bonne humeur, prête à plonger la tête la première dans l'inconnu.

J'ai un peu mal au ventre. Comme si j'allais avoir mes règles.
Rien de bien douloureux, je mords alors à pleines dents dans mon croissant.
Au bout d'une demi-heure de voiture (il nous faut 1h15 pour arriver à l'hôpital de Tarbes), je les ressens.
Ces petites contractions que j'ai tant attendues.
Le doute n'est alors plus permis dans ma tête.
On va devenir parents !

On sonne au bloc accouchement. Il est 9h.
Les contractions commencent à se faire sentir, mais ça ne reste qu'une légère gêne.
Les sages-femmes m'accueillent chaleureusement et m'installent dans une salle pour m'examiner.
Monitoring et examen de mon utérus.
Mon col est dilaté à 1,5cm.
Pas grand chose donc, mais au moins c'est en route !
On me pose alors un cathéter en prévisions des perfusions à venir.
Ça se concrétise donc !

La sage-femme m'apprend qu'une chambre est disponible.
"2ème étage, chambre 106. Vous verrez, elle est chouette vous avez une jolie vue sur les montagnes."

On y monte. On attend que ma mère vienne relayer mon copain.
Après tout, je n'en suis qu'au tout début du travail, il doit s'absenter 1h pour des rdv.
Mes contractions commencent à se marquer.
Ma mère arrive.
Mon copain part.
J'essaie tant bien que mal de respirer comme on me l'a appris au cours de préparation à l'accouchement.
Mais pas facile quand on n'a jamais eu de contractions avant.
Midi.
Une sage-femme passe pour m'ausculter.
"2cm et demi, ça progresse."
Mes contractions aussi progressent !
On me propose un ballon pour me détendre.
L'idée est bonne mais peu efficace.
Je commence à avoir sacrément mal !
Je demande à redescendre au bloc accouchement, il y a une baignoire là bas.
On m'ausculte une dernière fois avant de partir.
"3cm".
Il faut arriver à 10.
J'ai besoin de ce bain.
Chaque pas devient alors un effort. Je m'arrête toutes les 2min, le souffle coupé.
Je les ai voulues, je les ai ces contractions !

Je dois m'y prendre à 3 fois avant de réussir à totalement me déshabiller et me glisser dans l'eau de la baignoire.
À ce moment, j'ai envie de pousser un ouf de soulagement, prête à sentir enfin mes contractions se calmer.
Il n'en sera rien.
J'ai même l'impression qu'elles s'accentuent.
Mon copain est revenu, ma mère lui cède sa place.
Il essaie de me faire rire, et j'essaie de lui rendre son rire mais je ne réussis qu'à esquisser un rictus douloureux à chaque minute.
Jusqu'au moment où je lui dis vouloir la péridurale.
Je n'en voulais pas avant de venir.
Avant les contractions.
Mais la douleur est bien présente.
On passe à la salle d'accouchement pour préparer la piqure.
"On appelle l'anesthésiste, pendant ce temps soufflez bien pendant chaque contraction."
J'essaie. Je n'y arrive pas, la douleur prend le dessus.
Jusqu'à ce cri que je pousse.
Cette sensation intérieure que le temps presse.
Où est l'anesthésiste ???
Les sages-femmes accourent à mes hurlements.
On m'ausculte de nouveau.
"Vous vouliez accoucher sans péridurale, eh bien c'est ce qui va se passer. Vous êtes à dilatation complète. On s'installe, préparez-vous à pousser."
Je hurle, mon ventre se tord, mes doigts agrippent la main de mon copain.
La douleur de l'accouchement est très simple à expliquer : c'est comme quand vous êtes TRÈS constipés, que vous essayez de pousser aux toilettes mais que vous n'y arrivez pas et que ça en devient douloureux.
Voilà.
Pas très glamour mais c'est exactement cette sensation.
Je sens que je dois pousser, mais ce qui doit sortir n'a pas l'air de vouloir.
Les sages-femmes m'encouragent.
Je hurle encore.
J'écoute mon copain qui m'indique quand reprendre mon souffle pour être plus efficace.
Je pousse à n'en plus pouvoir.
Et puis une douleur.
"Aïe vous me faites mal !" La sage-femme me dit de continuer de pousser.
Mais elle continue de me faire mal !*
Je pousse.
Une dernière fois.
Et puis un cri.
Une petite fille qui a réussi à trouver son chemin jusqu'à nous.
Notre petite Charline qu'on pose sur mon ventre et dont les pleurs cessent de suite.
Notre petite Charline qui ressemble tant à son père.
Il est 15h26.
Les contractions se sont envolées comme par magie.
Mon souffle s'apaise pour venir se lier à celui de ce petit bout de fille lové contre ma peau.

Nous voici 3.

*Cette douleur était celle de l'épisiotomie.

Commentaires

  1. Félicitations pour votre nouvelle vie à trois! <3

    Elle ne t'a pas demandé pour l'épisio je suppose ? :(

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